Dans les coulisses de la future exposition « Serpents »…

9 octobre 2020

Pour sa prochaine grande exposition, la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay a jeté son dévolu sur ces petits êtres au corps vertébré recouvert d’écailles qui fascinent tant de générations : les serpents ! Le musée Crozatier conserve précieusement des œuvres naturalisées et renferme quelques anecdotes surprenantes… De quoi faire avaler quelques couleuvres aux visiteurs du musée les plus curieux !

Ce projet inédit impulsé par Maud Leyoudec, conservatrice du patrimoine, est fortement plébiscité par les élus qui ont participé, en coulisse, à la préparation de l’exposition ; Michel Joubert, Président de la Communauté d’agglomération, Marc Giraud, Vice-président de la Communauté d’agglomération chargé de la culture, Michel Chapuis, Maire du Puy-en-Velay et Catherine Chalaye, Adjointe au maire chargée de la culture.

Des espèces locales et d’ailleurs

Le musée Crozatier conserve un ensemble de 128 flûtes* et flacons contenant des serpents et autres reptiles naturalisés dans une solution à base d’alcool. Cette collection a été constituée au milieu du 19e siècle et n’a pas été, depuis, ni étudiée ni reconditionnée. C’est un ensemble rare avec des spécimens collectés dans les environs immédiats du Puy, et d’autres provenant des Indes orientales, de Madagascar et d’autres contrées. Des étiquettes, collées au moment du conditionnement, précisent parfois le nom du spécimen, la date et le lieu du prélèvement. Après restauration, l’ensemble de cette collection sera attentivement examiné par des herpétologues (spécialistes de serpents) pour compléter les informations manquantes.

La présentation de cette collection sera un des points forts de l’exposition Serpents. Ce sont de beaux objets qui fascinent et qui ont un fort impact sur tous ceux qui les voient. La collection se présente sous la forme d’un ensemble de flûtes, fermées majoritairement par des opercules de verre qui sont lutées** par un mélange de cire et de résine. Malgré ces précautions les liquides se sont obscurcis et évaporés ce qui rend nécessaire leur restauration. Le principal objectif de l’opération de restauration consiste à redonner à la collection un aspect propice à sa valorisation. Dans la plupart des cas, il s’agit de procéder à l’ouverture des fioles, au remplacement du fluide de conservation, au rinçage du spécimen, au remplissage et au lutage des contenants.

* Contenants spécifiques pour spécimens en fluide** Fermées hermétiquement

Une procédure stricte

Notre connaissance actuelle de ces collections constituées au 19e siècle montre que la solution utilisée rassemble des composés nocifs (alcool, formol, arsenic, acide picrique, plomb) dont il faut tenir compte au moment de toute intervention pour la sécurité des manipulateurs et du personnel environnant. Même lorsque le fluide conservateur n’est pas une solution de formol, il présente tout de même des risques chimiques importants car la plupart des spécimens ont préalablement fait l’objet d’un bain de fixation au formol. Même après des décennies, ce composé imprégné dans les tissus des spécimens est toujours dangereux. De ce fait, ces opérations sont complexes. Elles nécessitent des matériels spécifiques : hotte aspirante, masques au charbon, lunettes de protection…. Il faut également respecter une procédure stricte pour la sécurité des personnes et des biens.

Sous la direction de Pauline Morlot, restauratrice affectataire du marché, l’équipe est composée de deux personnes 

Marie de Beaulieu est conservatrice-restauratrice diplômée de l’Institut national du patrimoine en 2010. Son cursus de niveau Master est orienté vers la restauration des matériaux organiques et des collections naturalisées. Elle travaille depuis à la conservation-restauration de spécimens naturalisés, de collections en fluides, ainsi que de squelettes pour différents musées en France (Lyon, Lille, Paris). Elle intervient également en tant que formatrice et consultante sur le problème de la présence d’arsenic au sein des collections naturalisées.

Hélène Cordier est diplômée de la mention complémentaire « Entretien des collections du patrimoine », délivrée par le lycée professionnel Tolbiac. Sa formation lui permet d’intervenir sur tous types de collections, des ensembles documentaires aux objets en trois dimensions, de tous matériaux. Elle pratique son métier en collaboration avec les restaurateurs du patrimoine, parfois en atelier, mais le plus souvent au sein des institutions muséales et des équipes qui les composent. La restauration s’effectue sur 5 semaines.