Visite de l’arboretum expérimental de Charvols : quel retour d’expérience sur la réaction des essences face au changement climatique ?

8 juillet 2024

Comme il est de coutume, chaque année la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay en partenariat avec le CNPF Haute-Loire propose un programme de réunions forestières publiques sur des thématiques d’actualités. En cette année 2024, les techniciens forestiers de ces deux entités ont fait de la thématique du changement climatique une priorité. Dans ce cadre-là, une visite commentée de l’arboretum expérimental de Charvols a été proposé le 5 juillet à des propriétaires forestiers, en présence des chercheurs de l’INRAE conviés pour l’occasion à l’évènement.

Ce ne sont pas moins d’une soixantaine de propriétaires qui ont répondu présents, accueillis par Philippe Meyzonet, vice-président délégué à la forêt et à la ruralité à l’Agglomération du Puy en Velay, Maxime Estrade et Baptiste Comte, les experts terrain de la filière Forêt Bois à l’Agglo.

Pourquoi une visite de l’arboretum expérimental de Charvols ?

La visite de l’arboretum expérimental de Charvols n’a pas été choisie au hasard. Bien au contraire, celui-ci présente un panel de 97 essences, dont 2/3 de feuillus, plantés par îlots de 25 individus par essences, il y a exactement 31 ans sur plus de 4ha.

Propriété de la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay, ce vaste espace d’expérimentation forestière, abrite aussi bien des essences communes, que d’autres un peu plus rares voire même étonnantes comme le Désespoir du Singe, le Séquoia Géant, le Paulownia, le Cryptomeria du Japon, etc.

Un passé de plus de 30 ans à ne pas négliger

L’ensemble de la forêt française, tout comme celle du Livradois-Forez et des massifs limitrophes se trouve aujourd’hui impactée par le changement climatique. Ce dérèglement est de plus en plus visible sur le terrain avec notamment des arbres morts ou en fort déclin. Un grand nombre de propriétaires forestiers s’interroge sur le devenir de leur patrimoine forestier.

Fort de ces 31 années de plantations, l’arboretum de Charvols présente l’avantage de pouvoir analyser le comportement de ces essences sur un laps de temps non négligeable mais aussi leurs différentes réactions face aux évènements climatiques récents. La plantation en « placette » de 25 individus a aussi permis de caractériser les essences dans un environnement forestier et d’être ainsi moins contributaire de l’individu, comparé aux autres arboretums français qui ne présentent qu’un seul individu par essence.

C’est pourquoi en fin d’année 2023, la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay, l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) et l’Université de Clermont Auvergne (UCA) ont signés une convention de partenariat afin de mener un projet de recherche sur ce site. Celui-ci a pour objectif de caractériser les capacités intrinsèques de ces espèces à résister au dérèglement climatique. L’étude se focalisera sur leur résistance à la sécheresse et aux fortes températures, deux contraintes climatiques majeures pour nos écosystèmes forestiers.

Les essences locales oui, mais pas que… !

Avec des arbres âgés d’une trentaine d’années, cela offre un recul déjà intéressant pour juger des potentialités forestières de ces espèces pour la région. Diverses expérimentations en forêts publiques et privées sont actuellement mises en place pour déterminer les essences qui potentiellement seront adaptées au climat de demain. Mais les résultats de ces projets ne sont pas attendus avant plusieurs décennies, ce qui fait de l’Arboretum de Charvols un outil privilégié dans la région pour évaluer dès maintenant les potentialités et les capacités adaptatives de certaines essences d’intérêt pour la filière forestière.

Les propriétaires présents ont pu arpenter pendant près de 2h les 4 ha de l’arboretum avec des arrêts ciblés sur des essences précises. Ceux-ci ont été choisi en fonction de la réussite ou l’échec de l’essence sur l’arboretum. Naturellement, le sujet du reboisement a fait débat au cours de la réunion. Cette demi-journée aura été riche en enseignements et en échanges, notamment sur les nouvelles essences à implanter. Un message clair semble se dégager : personne ne peut affirmer quelles essences sont les plus sûres pour l’avenir, mais il existe aujourd’hui quelques certitudes quant au comportement d’essences nouvelles ou non, en reboisement. Les exemples du Chêne rouge, de l’Érable sycomore, du Robinier faux acacia, des Cèdres, des différentes variétés de sapins et d’autres encore, ont été évoqués.

Attention les résultats de cet arboretum dépendent de la station c’est-à-dire du climat, de l’exposition, de l’altitude et du type de sol. Pour les propriétaires forestiers, il ne faut pas extrapoler ces résultats au pied de la lettre sur leur propriété forestière mais d’arriver à modérer ces données avec les caractéristiques situationnelles de leur(s) parcelle(s)

Philippe Meyzonet, vice-président délégué à la forêt et à la ruralité insiste sur l’avantage pour le monde forestier local d’avoir cet arboretum expérimental aux portes de la Chaise-Dieu : « il est essentiel pour l’avenir de la filière bois dans la mesure où l’impact du dérèglement climatique a déjà une incidence notable chez certaines de nos essences régionales, alors même que la forêt locale représente des ressources économiques, écologiques et touristiques non négligeables. A travers les différents travaux déjà menés et en cours, la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay souhaite être un acteur majeur dans le développement forestier local mais aussi dans le domaine de réflexion face au dérèglement climatique ».